C’est bien connu, la Corée et le Japon sont depuis longtemps l’un contre l’autre en raison de leur passif colonial et historique. Et alors qu’en 2019 les tensions étaient au plus bas entre les deux pays qui criaient au boycott, il y a une chose qui a réussi à passer à travers les mailles du filet : la hallyu – la vague coréenne – qui tend à rapprocher ces deux peuples tant éloignés. Décryptage.
Histoire conflictuelle
L’histoire de ces deux pays remonte au début du XX° siècle alors que la péninsule coréenne est sous l’occupation l’Empire japonais jusqu’en 1945. Et si au lendemain des ces longues années de colonisation un accord a été trouvé pour apaiser les tensions et envisager une réconciliation politique, ce traité signé vingt-ans après, a vu le jour tandis que la Corée du Sud se trouvait sous une dictature militaire.
Si la situation semblait, en apparence, bien partie, les nombreux conflits entre les deux états ne sont en réalité pas derrière eux et sont régulièrement remis sur le tapis causant encore une certaine haine de la part des peuples, pris au milieu de différends toujours bien ancrés. Parmi les sujets les plus abordés et controversés, « les femmes de réconfort » demeure sans aucun doute le sujet le plus souvent rapporté. Ces femmes étaient, sous l’occupation, prostituées de force par les militaires japonais pendant la guerre de Quinze ans (1931-1945). Au total, elles ont été près de 200 000 à être utilisées comme esclaves sexuelles, la majorité coréennes mais comptant également des indonésiennes ou des taïwanaises, les pays ayant été également colonisés. Aujourd’hui, les manifestations pour obtenir gain de cause se font très régulièrement – tous les mercredis midi devant l’ambassade japonaise à Séoul – alors que le sujet est resté tabou jusque dans les années 90. Un accord avait précédemment été trouvé en 2015, mais très vite rejeté par le Président Moon Jae-in en raison de la non-inclusion dans le dédommagement établit.

La clé du soft power
Mais malgré ces différends évoqués qui opposent encore aujourd’hui Corée et Japon, la culture arrive cependant à se frayer un léger chemin et tend à rapprocher ces meilleurs ennemis. Si encore une fois, de nombreux événements avaient été annulés et les échanges commerciaux avaient aussi été impactés suite au boycott réciproque des pays, l’industrie musicale et audiovisuelle permet de nouveau une approche presque sans embûches en continuant d’exporter à son voisin.
La culture populaire apparait comme remède pour les deux pays dont les relations sont aujourd’hui adoucies par le biais de la K-pop et des dramas (séries télévisées). Bien que les relations soient tumultueuses sur le plan politique, le marché japonais reste l’une des principales cibles pour la Corée du Sud, très active dans sa production de biens et de produits culturels. Cet engouement pour le monde du divertissement de la part des japonais – principalement les plus jeunes qui se sentent bien moins concernés que les générations précédentes par les problèmes existant – se retrouve non-seulement dans leur consommation de ces biens et produits, mais également sur le sol coréen où nombreux sont ceux qui viennent tenter leur chance au même titre que les coréens pour espérer intégrer une agence, devenir trainees et débuter leur carrière.
Dans la continuité, de nombreux groupes – voire tous – réalisent des albums totalement en japonais afin de captiver encore plus leur public voisin et continuer dans cette démarche pacifique, finalement comme une invitation à la compréhension mutuelle.