Le sort d’une minorité musulmane du nom de « Ouïghour » est plus qu’en danger. Arrestations arbitraires, contrôle de naissances, actes de stérilisation, travaux forcés, tortures, internements de masses, mariages contraints, surveillance incessante, la liste des répressions est malheureusement très (trop) longue. Plus d’un million de Ouïghours et autres minorités musulmanes sont détenues dans des centaines de camps de concentration modernes au nord-ouest de la Chine, depuis près de cinq ans, au nom d’une soi disant « lutte contre le terrorisme ». Pékin nie toutes ces accusations, mais une multitudes de témoignages poignants de rescapés et la détention de plus de 400 documents officiels chinois par le New York Times prouvent l’existence de ces camps. Un véritable « génocide culturel » pour de nombreux militants. Grand Format.
Qui sont les Ouïghours ?
Les Ouïghours sont une ethnie musulmane sunnite faisant partie des 55 minorités ethniques présentes sur le territoire colossal de la Chine. Minoritaires dans le pays, cependant près de 12 millions – pratiquement la totalité – des Ouïghours sont présent à l’extrême nord-ouest du pays dans la région du Xinjiang.
Turcophone, le peuple ouïghour est aussi présent au Kazakhstan, en Ouzbékistan, au Kirghizistan et en Turquie.

« En 1955, elle est devenue la ‘région autonome ouïghour du Xinjiang’. Mais elle n’a d’autonome que le nom. Elle est dirigée par des Hans, donc par le pouvoir de Pékin »
Marc Julienne, Chercheuse à l’Institut Français de Relations Internationales et Spécialiste de la politique intérieure et sécuritaire chinoise. Propos recueillis par France Info.
En effet, l’immense région est, en réalité, un état policier fortement contrôlé. A la fin de l’empire mandchou en 1912, la région aspire à l’indépendance en devenant une République du Turkestan oriental. Pour cela, le peuple Ouïghour notamment se soulève à plusieurs reprises, en 1933 et en 1944. Des soulèvements extrêmement réprimés par l’autorité chinoise, avec, déjà, une violence inédite des forces de l’ordre. A cette époque, les ouïghours dénonçaient déjà les discriminations fortes dont ils étaient victimes.
En 1949, Mao Zedong et les communistes s’emparent du pouvoir en proclamant, le 1er Octobre, l’avènement de la République Populaire de Chine. Ainsi, la population chinoise et plus précisément : l’ethnie Han (majoritaire dans le pays) est priée de se délocaliser sur ces fameuses terres à l’Ouest pour s’emparer de la « Province autonome ouïghour du Xinjiang » et mettre au pas cette population ouïghour activiste, rebelle mais également pacifiste. Une stratégie politique contestable mais qui, il faut l’avouer, « porte ses fruits » puisque 80% de la population du Xinjiang était ouïghour en 1950 tandis qu’aujourd’hui ils ne sont plus que 47%.
Et la croissance exponentielle de l’islamisme extrémiste au 21e siècle à travers le monde sert « d’argument parfait » pour les autorités chinoises. En effet, le peuple turcophone à majorité musulmane est ainsi davantage pointé du doigt et davantage réprimé, persécuté et même torturé. Une série d’attentats sanglants attribués à des extrémistes Ouïghours en réponse à cette politique répressive a traumatisé la population et inquiété Pékin. En mai 2014, le président Xi Jinping déclare une guerre ouverte contre le terrorisme, tandis que nombreux Ouïghours rejoignent les rangs d’Al-Qaida en Syrie
La région demeure alors sous surveillance extrême, chaque déplacement est analysé, les contrôles sociaux et intrusif de polices sont omniprésents (ce ne sont pas des contrôles ordinaires, ils contrôlent notamment les pratiques religieuses, les traditions et les origines des personnes) et les caméras de surveillances scrutent les moindre faits et gestes de cette population.
C’est dans un tel contexte discriminatoire et de soi-disant préservation du pays contre le terrorisme que des camps de « rééducation », disent-ils, voient le jour dans la région du Xinjiang en 2015. Le but, assumé, de ces camps et de rendre les Ouïghours davantage chinois en leur faisant apprendre le mandarin de force mais aussi prêter allégeance au Parti Communiste et bien évidemment, abandonner la religion musulmane que les autorités considèrent ouvertement comme menaçante.
La réalité de ces « camps de rééducation »
Vous vous en doutez bien, les camps de rééducation n’ont rien avoir avec ce que le gouvernement chinois laisse entendre. L’organisation des défense des droits humains (Human Right Watch) a été la première ONG a dénoncer les conditions d’internement des Ouïghours. En effet, dans un rapport publié en 2018, ces camps de rééducation seraient en réalité des camps de torture, des lieux de sanction et non des lieux d’apprentissage. Depuis deux ans, les rapports et les enquêtes sur ce sujet se multiplient.
Le célèbre magazine britannique The Economist observe même un Crime contre l’humanité voire même un génocide – qui se définit comme étant l’extermination d’un groupe de personnes appartenant à un même groupe social d’après linternaute.fr … cette définition laisse à réfléchir. Ce même magazine révèle qu’il y a, en effet, un endoctrinement massif qui pousse à délaisser le Coran au détriment de la pensée de Xi Jinping mais que si contestation il y a ou persistance de l’existence de Dieu il y a, les Ouïghours sont battus à mort.
Les enfants sont séparés d’un ou de leurs deux parents, ils sont ainsi placés en pension où il est évidemment interdit pour eux de parler leur langue ou pratiquer leur religion. Les femmes Ouïghoures sont stérilisées voire forcées à épouser des hommes de l’ethnie ultra-majoritaire Han dont nous évoquions la surpopulation dans la région depuis plus de 50 ans. Outre la répression, les Ouïgours sont également victimes de déplacements forcés.
Au total, il y aurait près de 500 camps dans le Xinjiang, dont 182 « camps de concentration suspectés », selon les ONG. D’après des estimations plus d’un million de musulmans, principalement des Ouïghours, seraient détenus au Xinjiang. Des milliers de témoignages et de preuves apparaissent en masse :
Quelles actions ?
Le député européen français, Raphael Glucksmann, impliqué activement sur le sujet, tente de mobiliser le gouvernement français jugé silencieux mais aussi d’interpeller les grandes entreprises telles que Zara, Huawei, Gucci, Balenciaga ou encore Kering accusé de ne pas vouloir bannir le coton chinois utilisé et récolté / travaillé par les Ouïghours internés et contraints au travail forcé. Les esclaves Ouïghours sont donc clairement mis au profit des plus grandes marques internationales.
« S’engager publiquement à cesser de s’approvisionner en coton en Chine reviendrait à envoyer un signal de défiance au régime de Pékin, ce que Kering veut absolument éviter. Par peur d’un boycott ou d’obstacles à la vente. »
Raphael Glucksmann sur Instagram
Le combat se joue au Parlement européen, où les discours poignants de Glucksmann glacent un hémicycle parfois bien trop vide : (à regarder !!)
Mais, dans l’ère du temps, le député de 41 ans cherche à mobiliser les jeunes sur les réseaux sociaux et plus précisément sur Instagram. Dans un premier temps il appelle au boycott d’une multitudes de marques (une liste qui s’accroît chaque mois) puis, dans un second temps, le 1er octobre dernier, il lance le hashtag #FreeUyghurs qui sera au combien utilisé. Par la suite, il est aussi à la tête du « mouvement des carrés bleus ». Les internautes et les célébrités diffusent en masse ces carrés bleus – qui renvoient au drapeau utilisé par les Ouïghours comme symbole du mouvement d’indépendance du Turkestan oriental (un drapeau interdit en Chine par le gouvernement) – synonyme de soutien pour cette minorité. Le mouvement prend une telle ampleur sur le plan national et international.
Peu à peu, les voix de Raphael Glucksmann et de ces jeunes internautes actifs et dénonciateurs se font entendre.
La France a récemment dénoncé un « système de répression institutionnalisé ».
Du côté des Etats-Unis, que ce soit Donald Trump – qui a néanmoins refusé de sanctionner le gouvernement chinois pour des raisons économiques – ou l’actuel président Joe Biden – qui, lui, se fait plus discret à ce propos – les deux hommes politiques ont malgré tout, tous deux, employé le terme « génocide » et dénoncé cette répression forte.
Aujourd’hui, selon des sources diplomatiques européennes, les Etats membres de l’Union Européenne se seraient accordés à sanctionner (enfin) la Chine pour les violations des Droits de l’Homme commises contre la minorité musulmane dans le Xinjiang.
Ainsi, quatre personnes et une entité ont été inscrites sur une liste étroite des sanctions de l’Union Européenne et la décision devrait être approuvée lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, lundi prochain, à Bruxelles. Mais c’est sans compter sur la riposte promise par la Chine qui demande une « confrontation » si les sanctions de Bruxelles sont approuvées.
La route vers la liberté de cette minorité torturée pour ce qu’ils sont est encore longue mais les preuves contre le gouvernement chinois affluent et la mobilisation continue de toute part !
Une réponse à “Comprendre la répression des Ouïghours en Chine”
[…] Sportivement, la fin d’année 2022 risque d’être mouvementée. A souligner que les Jeux Olympiques d’hiver de 2022 auront lieu en Chine, tandis que le pays est au cœur d’une enquête mondiale concernant, elle aussi, le respect des Droits de …. […]
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