La question des supporters est un sujet brûlant dans notre pays. Ces derniers subissent une forte répression notamment au niveau des déplacements avec des restrictions et des interdictions toujours plus nombreuses. De manière générale, ce sont les plus fervents de ces supporters, les ultras qui sont pointés du doigt par les différentes instances et même parfois par leur propre club.
Effectivement, depuis la loi Loppsi datant de 2011, les préfets ont la possibilité d’interdire le déplacement de supporters adverses. Ce choix s’explique par un risque avéré d’incident au sein d’une rencontre classée à très haut risque. Cela était donc censé être une mesure exceptionnelle mais au fil des années les préfets ont utilisé cette mesure de manière abusive.
L’incompréhension des supporters
Les supporters de tout l’hexagone ressentent qu’il s’agit désormais d’une solution de facilité pour les préfets qui prennent parfois des arrêtés préfectoraux sur des matchs. Pourtant, ce derniers présentent un risque très faible d’incidents avec à chaque fois des motifs, il faut bien l’avouer, assez farfelus.
A titre d’exemple, lors de la saison 2018-2019 près de 38 interdictions totales de déplacement ont été prises en France. Ce nombre est très (trop) conséquent et accentue la frustration et l’incompréhension des supporters et plus particulièrement celle des ultras qui estiment que leur liberté de circuler est bafouée.
Face à la frustration grandissante des supporters mais aussi la prise de conscience de ce problème par certains médias, l’actuel ministre de l’Intérieur, M.Castaner s’est emparé du dossier. Il a estimé anormal de voir une mesure qui, au départ, doit être prise à titre exceptionnel se développer autant. Il a donc décidé fin 2019 d’envoyer une circulaire à l’ensemble des préfets en leur demandant de baisser le nombre d’interdictions puisqu’elles sont aujourd’hui beaucoup trop nombreuses à son goût.
L’ultra, le supporter passionné
L’ultra constitue dans un club le type de supporter le plus passionné. En effet, il anime la tribune dans laquelle il se situe lors des matchs à domicile avec des drapeaux, des tambours, des chants ou encore des gestuelles. Il se fait, notamment remarquer grâce aux controversés fumigènes pendant tout le match peu importe si son équipe gagne ou perde.
L’ultra est aussi présent lors des matchs à l’extérieur pour supporter son équipe. En effet, il a la volonté de représenter sa ville à travers la France entière. Une grande partie des groupes ultras veulent chaque saison réaliser ce qu’on appelle le Grand Chelem, c’est-à-dire être présent lors de l’ensemble des matchs à l’extérieur de la saison de leur équipe.
Malheureusement, en plus des interdictions ou des mesures d’encadrement, le supporter et plus particulièrement l’ultra se trouve parfois en conflit direct avec son club comme c’est le cas par exemple cette saison à Bordeaux.
Le cas des Girondins est loin d’être le seul, cette saison les Lingon’s Boys à Dijon boycottent les matchs de leur équipe à domicile en faisant une grève des encouragements. Cela s’explique par la décision du club cet été de les déplacer d’endroit dans le stade, eux qui ont toujours été au centre de la tribune. Une décision qui a été prise sans même consulter le groupe qui anime le stade depuis de nombreuses années et qui tente de mettre de l’ambiance malgré les difficultés présente à Dijon. En effet, c’est un club très jeune (fondé en 1998) où la passion pour le foot reste mesurée.

Le mépris des dirigeants
On constate à travers ces cas un certain mépris de la part des dirigeants qui ne ressentent pas le besoin ni l’intérêt de faire part de décision qui les concerne à leurs supporters les plus fervents.
A leurs yeux, les supporters représentent de simples consommateurs qui doivent se plier à ce qu’on leur propose sans contestation possible. C’est triste quand nous savons que ces individus consacrent une grande partie de leur vie à cette passion et qu’ils réalisent des sacrifices hors normes.
Cependant, les Ultras ne sont pas si dociles et font souvent part de leur position concernant la vie du club à travers des banderoles plus ou moins provocantes. Ce moyen d’expression est extrêmement répandu dans le mouvement ultra.
Ce week-end, lors de Amiens-Toulouse, une banderole a été déployée par les ultras amiénois, on pouvait y lire “Trop c’est trop : Elsner démission !”. En colère par rapport aux mauvais résultats du club, ils visent ici l’entraîneur. Alors que la banderole n’est ni insultante ni raciste les stadiers s’empressent rapidement de l’arracher ce qui entraîne quelques minutes de tensions. L’incompréhension est alors totale.
Par ailleurs, en plus de ce que l’on a déjà évoqué les supporters de foot, qui sont pour rappel des citoyens français n’auraient pas non plusle droit à la liberté d’expression.
Le 21 décembre 2019, les supporters à bout.
Sans oublier les scènes violentes que l’on peut qualifier de surréalistes, de nombreux événements marquent la colère des supporters. Le 21 décembre 2019 lors du retour des supporters Nîmois après un déplacement avorté à Marseille, un conflit éclate.
Les groupes de supporters nîmois avaient décidé pour ce match prestigieux de ne pas respecter l’arrêté préfectoral qui autorisait ces derniers à se rendre au Vélodrome à seulement 200 personnes. Finalement, 500 Nîmois partent pour Marseille dans le calme et la bonne humeur en espérant que le préfet se montre souple et les laisse assister à la rencontre au sein de l’enceinte phocéenne. Mais, la fête est gâchée.
Après deux heures d’échanges et alors que le match est sur le point de débuter, les supporters gardois doivent faire demi-tour. La décision est formelle, ils ont même le droit à une (très) importante escorte policière jusqu’au retour sur la cité des Antonins. Le nombre de véhicules des forces de l’ordre est particulièrement impressionnant. Les premiers incidents interviennent au milieu de l’autoroute, des policiers s’empressent vers un des huit bus de supporters s’en prennent violemment au chauffeur, ce dernier est gazé ainsi que matraqué sans raison valable. Une grenade de désencerclement est notamment lancé au milieu d’un des bus, ce qui est complètement disproportionné.
Arrivés à Nîmes, les supporters qui sont usés et dépités souhaitent simplement rentrer chez eux mais cela se passe tout autrement. Les forces de l’ordre, toujours présentes sont en position devant un bus, la tension monte d’un cran et là on assiste à une scène choquante. Des policiers qui gazent à bout portant une foule de plusieurs centaines de personnes avec des ultras, des personnes âgées et des enfants. Certains avaient d’ailleurs perdu leurs parents suite au mouvement de foule et étaient en larmes.
Pendant plusieurs minutes le chaos est total. Certains individus sont violentés par les policiers tandis que la plupart s’échappent comme ils peuvent au milieu d’un nuage de fumée impressionnant. Une poignée de supporters blessés ce jour-là ainsi que le chauffeur qui a été matraqué sur l’autoroute ont porté plainte. L’enquête suit toujours son cours.
Ainsi, à travers une liberté de circuler bafouée, une liberté d’expression pas toujours respectée, des violences policières outrancières ou encore des sanctions collectives qui punissent de nombreux innocents, les supporters se sentent considérés comme des sous citoyens. Ils observent également avec tristesse et colère le silence et l’attitude passive des clubs français qui viennent rarement en soutien de ceux qui les suivent au quotidien.
Le sentiment de frustration est immense quand on sait ce qui se passe dans les autres pays européens surtout qu’en France le niveau de violence est très faible. Chaque semaine, des dizaines de milliers de fans se déplacent la plupart du temps sans encombre en Allemagne, Italie ou encore en Angleterre. Notre pays fait donc figure d’exception dans cette logique de répression abusive et souvent infondée.
Nous sommes tenté de dire, heureusement.
Une réponse à “La gestion des supporters en France”
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